Communiqué du POI de l’Hérault suite au suicide du professeur de mathématiques du lycée Jean Moulin à Béziers. Suite au drame qui touche le lycée Jean Moulin ainsi que l’ensemble de l’éd

Publié le par POI Montpellier

Communiqué du POI de l’Hérault suite au suicide

du professeur de mathématiques du lycée Jean Moulin à Béziers.

 

Suite au drame qui touche le lycée Jean Moulin ainsi que l’ensemble de l’éducation nationale, où une collègue, professeur de mathématiques a tenté de se suicider en s’immolant par le feu dans la cours de récréation ce jeudi 13 octobre, le POI tient à exprimer toute sa solidarité aux enseignants, lycéens, parents d’élèves de Béziers.  Notre collègue est depuis décédée, nous présentons toutes nos condoléances à ses collègues et ses proches.

 

Dans les heures et les jours qui ont suivi, dans tout le département, des enseignants ont exprimé leur solidarité : assemblées générales à Jean Moulin et à Henri IV, débrayage dans un lycée de Sète, port d’un brassard de solidarité à Bédarieux.

Comment en est-on arrivé là ? Une discussion doit s’ouvrir

 

Partout, les questions fusent : « comment les média osent- ils maquiller cela en drame psycholoqique ? », « comment pourrait- il ne pas y avoir de lien entre ce drame et la dégradation du climat, des conditions de travail, les suppressions de postes, la rentrée est catastrophique, dans les établissements, la situation est explosive, on est sur la corde raide » 

Depuis des années, les gouvernements ont supprimé des postes dans l’éducation nationale, que ce soit dans l’encadrement ou parmi les enseignants : 80 000 depuis 2007.

 

Voilà ce qu’oublie de dire la presse, qui se répand dans des considérations psychologiques sans rien connaitre de l’affaire. Le POI ne s’associera à aucune campagne tendant à présenter les dépressions et actes désespérés comme une succession de cas isolés d’origine psychologique[1] sans lien avec la dégradation des conditions de travail dans les établissements.

 

Quelle était la situation au lycée Jean Moulin ?

 

La vie scolaire est devenue ingérable, avec les suppressions d’un poste et des contrats CUI (- 98 heures)

Les effectifs ont explosé  suite aux suppressions de poste : des secondes à 35, les premières et terminales entre 33 et 36. 136 élèves de plus que prévu à la rentrée (dont 51 en seconde : réouverture en catastrophe d’une seconde) sans moyens  supplémentaires (10 heures) Alors que déjà 125 heures ont été supprimées à la rentrée.

 

80 000 postes supprimés depuis 2007 pour payer la dette :

sans rapport avec la dégradation du climat dans les établissements ?

 

A la question des collègues « comment un tel drame a-t-il pu arriver ? », nous répondons : la responsabilité est à chercher du côté de la politique mise en œuvre depuis 20 ans, où l’on a en permanence remis en cause le droit à l’instruction, les professeurs, leurs disciplines et leur autorité. « Pédagogie solidaire », « mettre l’élève au centre », « projets locaux », « modifier les rapports profs/élèves » ont été les recettes d’apprentis sorciers accompagnant les suppressions de postes et la remise en cause du caractère national de l’Ecole.

 

A continuer ainsi, les gouvernements, de « gauche » ou de droite, au nom du paiement de la dette et de la « nécessaire réduction des déficits publics » portent la responsabilité d’autres drames humains, qui toucheront les plus fragiles comme les moins fragiles, quelles que soient les formes des répercussions (dépressions, démissions ou autres).

 

Lors du meeting du POI ce mercredi 12 octobre à Montagnac, un enseignant de Béziers a expliqué devant 140 personnes ce que devraient être les revendications unifiant tout le mouvement ouvrier :

 

« Restitution des 16 000 postes supprimés !

Abrogation de la réforme du lycée !

Défense du statut des enseignants, en particulier les décrets de 1950 !

Défense des disciplines ! Abrogation du socle commun

Non au paiement de la dette : abrogation !

 

 

 

Une discussion doit s’engager : n’est-ce pas sur cette base que l’unité doit se réaliser dans tout le mouvement ouvrier pour défendre l’école, ses personnels et le droit à l’instruction ?



 

 

[1] « Personne fragile psychologiquement » : nous rappelons que ces mêmes termes ont été employés au début de la vague de suicides à France Télécom, de même qu’au technicentre de Renault.

 

Publié dans Enseignement

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